Hugues Duhamel, responsable du service génie civil/transport à la ville du Touquet-Paris-Plage

Vous ne le savez peut-être pas mais la réalisation du circuit de l’Enduropale, une des plus célèbre course de moto sur sable au monde, est effectuée par des agents territoriaux de la ville du Touquet-Paris-Plage.

 

Entretien* avec Hugues Duhamel, responsable du service génie civil/transport à la ville du Touquet-Paris-Plage qui s’occupe de ce tracé

CdG62 : En quoi consiste votre métier ?

H. Duhamel : Je travaille pour la ville du Touquet depuis 2004. Je suis agent de maîtrise principal et je gère un service de près de 40 agents. En ce qui me concerne, je gère les équipes du service au quotidien et j’assure le suivi et la coordination de plusieurs grosses manifestations au cours de l’année. À titre d’exemple, sur l’Enduropale, je chapote la partie création du circuit avec un bureau d’étude et le directeur de course. Je réalise le piquetage du circuit pour que les agents puissent assurer le tracé avec les engins. Puis je coordonne les équipes qui assurent la pose de la ganivelle** et celles qui viennent en renfort pour le balisage de la piste et des bâches. Dans mon travail c’est un peu comme dans un orchestre, il faut une personne pour coordonner l’ensemble sinon ça risque de partir de façon désordonnée.

Agents sur le tracé du circuit
Groupe d'agents en réunion

CdG62 : Quelles sont les missions réalisées par votre service ?

H. D. : Le service est en charge des interventions d’engins en interne (bras télescopique, mini-pelle, chargeur à chenilles, chargeur classique, tracteur, camions poids-lourds, etc.). Nous avons également la responsabilité de la propreté de la plage et des dunes et de l’installation des modules de plage (en collaboration avec d’autres services). Ça ne paraît pas mais cela représente une zone relativement vaste qui va de la mer au front de mer (le Boulevard Pouget). Enfin le service a aussi la charge de la propreté urbaine dans le centre-ville et dans les avenues forestières ainsi que des pistes piétonnes & cyclables. En saison, les équipes en aménagements d’horaires sont présentes sur le terrain du lundi au dimanche, de 6h à 21h et parfois jusque 22h ou 23h en fonction des besoins sur des événements spéciaux (type Enduropale, 14 juillet…). Sur l’année, nos métiers représentent pas mal d’activités et les agents n’ont que quelques petites périodes avec un peu de répit.

Engins de chantier
Chargeur et mini pelle à chenilles

CdG62 : Quelle est l’activité spécifique liée à l’Enduropale ?

H. D. : Même si je coordonne l’ensemble du tracé, le service n’est chargé que de la mise en forme du circuit implanté sur Le Touquet. Pour nous, tout commence 4 semaines avant l’événement par le démontage des ganivelles présentes sur la plage où va être modelé le tracé de la course. Ensuite les agents vont avoir la responsabilité du balisage de la piste. Pour un circuit de 13 km, il nous faut donc mettre en place 26 km de séparation entre le public et la piste. Notre objectif est vraiment de permettre au public de pouvoir s’approcher au plus près des motos pour vivre l’événement de l’intérieur, tout en étant en totale sécurité. Tous les aménagements des abords de piste doivent être terminés pour le jeudi soir car les premières épreuves débutes le vendredi. Les derniers jours sont un peu plus intenses, il nous arrive de terminer plus tard ces jours-là pour assurer toutes les finitions et la sécurisation pour le public et les coureurs. Les agents assurent par exemple l’installation de 200 ballots de paille autour des endroits à risque pour éviter les chocs violents. Tous les agents sont mobilisés pour cet événement. Dans notre domaine c’est difficile de remplacer quelqu’un en dernière minute, donc le plus important est de gérer la fatigue des équipes. L’Enduropale est une épreuve mondialement connue, ça doit être une réussite et une fête.

Agents assurant la pose de ganivelle
Agents assurant la pose de ganivelle
Arrangements au niveau du circuit

CdG62 : Le respect de l’environnement est une préoccupation importante pour votre service ?

H. D. : Effectivement, en termes de protection de la nature, contrairement à l’imaginaire collectif, on ne va pas rechercher de sable dans les dunes pour aménager le circuit. Avec les marées, nous avons toujours plus de sable au nord qu’au sud de la plage. Une fois la course terminée, pour équilibrer, on procède simplement au transfert d’un côté à l’autre, là où il y en a beaucoup moins. Concernant la propreté du site, nous sommes sur le domaine public maritime, nous avons des engagements à tenir. Après chaque course, au-delà de la remise en état du circuit avec les engins, nous effectuons un nettoyage systématique de la zone réservée au public. Cela signifie un ratissage complet de cette partie pour ramasser tous les résidus et les déchets. Nous vidons également tous les points de collecte. Autre sujet, toujours sur la propreté du site, cette année nous proposons aux spectateurs le tri sélectif. C’est une première, nous avons fait en sorte que les gens s’y retrouve facilement avec une signalétique adaptée et des points de collecte nombreux, on espère que le public va adhérer.

CdG62 : Quelles sont vos contraintes après l’événement ?

H. D. : Dès le dimanche soir, juste après la course, le site est entièrement nettoyé et tous les piquets côté mer sont retirés. L’objectif c’est que tout ce qui sert au tracé du circuit, piquets, ganivelles et buses (tunnels de passage en métal sous le circuit) soit retiré et qu’il ne reste plus rien sur la plage en fin de semaine suivant l’événement. Toutes les bosses du circuit sont aplanies, on dégage les escaliers et les accès mais le sable est laissé sur place. On sait qu’il va encore y avoir des grandes marées avant la saison d’été et cela nous évite de manipuler le sable à de nombreuses reprises et donc de faire tourner des camions inutilement. Ce mode de gestion raisonné et raisonnable permet aussi de préserver l’environnement et d’émettre moins de CO2. On ne peut pas se permettre de traîner car ensuite c’est la préparation de la saison d’été qui nous occupe. En effet celle-ci débute peu de temps après la course, et pour une ville touristique de bord de mer comme Le Touquet, la saison estivale s’étale de mi-mars jusqu’à mi-septembre… parfois plus en fonction de la météo.

Remerciements à la ville du Touquet-Paris-Plage et plus particulièrement à Hugues Duhamel et ses équipes pour l’accueil chaleureux pendant la phase de finalisation de modelage du circuit.

* Cet entretien a été réalisé le mercredi 31 janvier 2024 avant l’épreuve.

** Petites clôtures en bois qui servent à retenir le sable et délimiter les espaces sur la plage